Depuis quelques années, la New Romance cartonne en librairie. Mais ce genre littéraire, normalement destiné à un public adulte voit, depuis quelques temps, un public bien plus jeune mettre son nez dedans. Pourquoi est-ce un problème ? Quelles sont les conséquences de laisser les jeunes lire de la NR ? Voici un article à destination des professionnels du livre, libraires, bibliothécaires, en première ligne face à cette clientèle inattendue mais aussi à destination des parents qui pourraient être confrontés à ce problème.
Qu’est ce que la NR ?
La New Romance, déjà, c’est quoi ? Terme inventé par l’éditeur Hugo New Romance il y a quelques années, la New Romance (ou New Adult en anglais), englobe toutes sortes de romances pour adultes (contemporaine, historique, Imaginaire, etc….). Elle contient généralement des scènes assez explicites de relations entre adultes ou jeunes adultes. Ses sous-genre les plus populaires sont : La Dark Romance, la Romance contemporaine et la Romantasy. Vous trouverez sur ce lien, un article Wikipédia plutôt complet sur tous les sous-genres disponibles.
Un public cible bien différent que prévu
Si ce genre est à destination des adultes à partir de 18 ans, on constate, depuis quelques temps, et notamment l’arrivée du Pass Culture, un rajeunissement inquiétant de son lectorat. Des jeunes filles de 11/14 ans débarquent en caisse avec des titres comme Captive, Hadès et Perséphone, Jamais plus, etc… Quand ce n’est pas les parents, ravis de voir leur progéniture lire à tout va, qui, totalement ignorants du contenu du livre vont l’acheter sans même y jeter un oeil. La faute à des couvertures souvent trompeuses, à un marketing un peu flou sur le contenu réel ou le véritable public ciblé. Mais pourquoi est-ce problématique ?
Les dangers de laisser les jeunes lire de la NR
La New Romance est à destination des adultes parce qu’elle contient des scènes de sexe. Parfois soft, souvent très (trop ?) explicites. Alors vous me direz, “Oui, mais à cet âge-là, ça se cherche, c’est normal.” Et je vous répondrais que oui, bien sûr qu’un adolescent va s’intéresser à ça. Mais il existe tout un tas de livres, documentaires ou romans, spécialement créées pour eux et la New Romance, qui n’en fait pas partie, est plus dangereuse que l’on pourrait le croire. Car au delà des scènes explicites, la NR aborde de nombreux sujets sombres (viols, violences domestiques, relations toxiques, vengeance, manipulation, etc….).
Et si le public adulte a suffisamment de recul pour aborder ces sujets, ce n’est pas le cas d’un jeune, encore en construction qui va, consciemment ou non, absorber ce qu’il lit, s’identifier aux personnages et reproduire ce qu’il a pu voir dans les livres. Les jeunes ne s’en rendent pas compte, mais beaucoup d’adultes ayant lus de la NR pendant leur adolescence le disent aujourd’hui : Ils auraient aimés qu’on leur dise que ce qu’ils lisaient n’était pas pour eux. Beaucoup d’adultes sont d’ailleurs choqués de ce qu’ils lisent parfois en NR. Autant vous dire que, si un adulte est parfois trigger par le contenu d’un livre, l’effet sur un adolescent est dévastateur.
Interdiction VS Pédagogie, quelle est la bonne méthode ?
Mais alors, que faire pour enrayer ce problème ?
En tant que parents, il me semble primordial de s’intéresser à ce que fait votre enfant. Quels livres lit-il ? Quels films regarde-t-il ? Quels comptes suit-il sur les réseaux sociaux (et surtout Tiktok, là où les jeunes trouvent leurs recommandations livresques). N’hésitez pas à demander aux libraires présents ce que contient le livre que votre enfant demande. Lisez la quatrième de couverture, ouvrez le livre et lisez quelques pages au hasard. Bref, renforcez votre veille. Ce n’est pas parce que votre enfant à un âge à deux chiffres qu’il est désormais autonome et capable de se débrouiller seul. La confiance n’empêche pas de rester alerte.
En tant que professionnels du livre, il est important d’être pédagogue et de bien ranger, à la bonne place, les livres que vous recevez. Car beaucoup de libraires et bibliothécaires rangent la New Romance dans ou à côté du rayon Young Adult, situé en Jeunesse. Prenez du temps pour vous renseigner sur les titres que vous recevez. Faites une veille média, lisez quelques pages, il est primordial de rester informé car aujourd’hui, il n’est même plus possible de se fier aux couvertures. Même les plus softs peuvent contenir des scènes violentes.
Concernant la vente même, beaucoup de libraires ne sont pas d’accord. Certains invoquent l’interdiction de refuser la vente à un client pour justifier le fait de vendre de la NR aux jeunes. La loi indique également que nous avons l’interdiction de vendre des produits pornographiques à un public de moins de 18 ans. Le cas de la NR est un vrai flou juridique. Pour ma part, je demande toujours l’âge. Si l’enfant est seul, je lui dis de repasser avec ses parents, je lui propose quelque chose de plus adapté à son âge. Si les parents sont là, j’explique ce que contient le livre. Aux parents de prendre la décision ensuite.
En tant que professionnels du livre, nous conseillons, accompagnons et formons les lecteurs de demain. Il est de notre responsabilité de faire en sorte que les jeunes lisent des choses adaptées à leur âge et surtout qui soient safe pour leur construction. Il est important de garder cela en tête : Notre travail à des conséquences sur le développement mental et social des jeunes lecteurs.
J’espère que cet article vous aura aidé à y voir plus clair sur les dangers de la New Romance pour un jeune public, que vous soyez parents bibliothécaire ou libraire. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me contacter en laissant un commentaire sous cet article ou en me contactant via l’adresse mail à droite de cet article !
Je laisse également des liens vers cet article et ce post instagram, très intéressants, plus ciblés sur la Dark Romance et ses dangers.
C’est tellement ça et c’est parfois compliqué de faire passer le message.
Je n’aime pas trop le terme New Romance car il a tendance à faire croire que c’est “plus jeunes” que ne peuvent l’être les romans Harlequin par exemple, mais au final c’est du pareil au même.
Côté pédagogie, j’ajouterai juste une chose. Les adolescents n’aiment pas trop être forcée, faire face à un refus d’autorité. Mais ce sont des humains plutôt malins. Quand on discute avec eux de Dark Romance, on voit bien qu’ils n’arrivent pas à voir le problème du premier coup. En tant que parents / prof / autres, simplement s’intéresser et poser des questions peuvent être bien plus pertinents.
Qu’est-ce que tu aimes dans ce personnage ? Aimerais-tu qu’un homme te considère de cette façon là ?
Le plus dur est d’être vraiment dans la question et pas dans le jugement. D’eux même, ils comprennent alors progressivement que le contenu des livres ne va pas.