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Yellowface, quand le monde de l’édition en prend pour son grade…

Athena Liu is a literary darling and June Hayward is literally nobody.

When Athena, a successful writer dies in a freak accident, June, who was present, steals her unpublished manuscript and publishes it as her own under the ambiguous name Juniper Song.

She goes froom nobody to the literary genius of the moment. But as evidence threatens June’s stolen success, she will discover exactly how far she will go to keep what she thinks she deserves.

What happens next is entirely everyone else’s fault.

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Thèmes : Edition, Ecriture, Whitewashing, Réseaux Sociaux, Vol d’oeuvre, Karenisme….

Trigger warning : Mort, racisme, islamophobie, chantage, Harcèlement, viol, pensées suicidaires

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Cela faisait des mois que Yellowface me faisait de l’oeil. Un livre sur le monde de l’édition qui n’hésite pas à dire les termes ? Bien sûr que j’étais impatiente de le découvrir. Et je n’ai pas été déçue !

Yellowface raconte l’histoire de Juniper, une autrice blanche ratée qui, après avoir assisté à la mort accidentelle de sa rivale, écrivaine sino-américaine à succès, va voler son dernier manuscrit et le publier à son nom. Juniper est une Karen qui n’hésitera pas à faire les choses les plus viles pour mettre son nom tout en haut des listes.

On lit donc l’histoire de son point de vue. Une Karen complètement allumée qui va s’enterrer dans le déni et faire passer les autres pour les vilains de son histoire. Rebecca F. Kuang maitrise son personnage à la perfection. Juniper est l’archétype de la femme blanche cishet qui se pense persécutée par des extrémistes en mal de supériorité : Elle, raciste ? Elle a votée Biden enfin ! Et pourquoi ne pourrait-elle pas avoir écrit, elle aussi, sur les travailleurs chinois pendant la Première Guerre Mondiale ? Pourquoi faudrait-il que ce soit réservé à des auteurices chinois(es) ? Athéna ? Une femme qui se croit supérieure. Elle a tout eu et pourquoi, Juniper, elle n’a rien ? C’est forcément de sa faute. Parce que Juniper aussi, est une autrice de talent. C’est juste que l’industrie est en mal de diversité et discrimine les auteurices blanc(he)s. Oui, bien sur, ça ne peut être que ça ! Ce roman, elle ne l’a pas volé. C’était un manuscrit impubliable en l’état. Sans elle, ce roman n’aurait jamais pu paraitre. C’est grâce à son talent d’écriture qu’il est devenu aussi bon.

Vous avez ici un tout petit extrait de la personnalité et des convictions du personnage de Juniper. Et croyez-moi, vous n’avez encore rien lu.

“Do you know what it’s like to pitch a book and be told they already have an Asian writer ? That they can’t put out two minority stories in the same season ? That Athena Liu already exists, so you’re redundant ? This industry is built on silencing us, stomping us into the ground, and hurling money at white people to produce racist stereotypes of us.”

Car Rebecca F. Kuang n’épargne pas non plus l’industrie littéraire. Tout le monde en prend pour son grade : Juniper, tout d’abord, les éditeurs, les maisons d’éditions (qu’elles soit américaines ou françaises !), les agents mais aussi les influenceurs et les réseaux sociaux, personne n’est oublié. On découvre ainsi tous les travers d’une industrie finalement assez privée sur son fonctionnement interne. Où l’on se rend compte que, derrière les bons mots, les belles intentions, et les prix littéraires se cache un monde pourri de l’intérieur qui reproduit les mêmes cycles toxiques d’années en années. Un univers où seuls l’apparence et l’argent comptent.

L’autrice, elle-même sino-américaine, aborde toutes les questions les plus sensibles sur les auteurices issues des minorités et leurs difficultés à être reconnu(e)s et publié(e)s, sur la question des sensitive readers et leur traitement par les auteurices blanc(he)s ainsi que sur les pressions des maisons d’éditions et les cases dans lesquelles les auteurices racisé(e)s qui ont enfin connus le succès sont enfermé(e)s. Elle dénonce les travers d’une industrie occidentale où les bad buzz, au lieu d’être un bon moyen d’apprendre et de mieux faire, sont un moyen de vendre encore plus, où l’on préfère faire l’autruche plutôt que d’adresser les problèmes et de respecter son lectorat et où l’on n’hésite pas à whitewasher plutôt qu’à trouver des auteurices concernées.

Yellowface est un roman satyrique de grande qualité et l’industrie en avait terriblement besoin. J’espère qu’il servira à ouvrir les yeux sur les questions traitées et que les lecteurices souhaitant devenir, eux aussi, auteurices à succès, auront une vision un peu moins idéalisée du monde littéraire. J’espère maintenant qu’un éditeur le publiera chez nous. Le monde de l’édition en avait besoin, Rebecca F. Kuang l’a fait !

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Edition originale: HarperCollins – Env. 20€ / Edition Française : Non publiée

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