Un an et demi de bonheur… Roy et Celestial sont ce couple typique de la bourgeoisie afro-américaine d’Atlanta : un mari ambitieux, vissé à son ordinateur portable, et une épouse artiste, à l’aube d’une belle carrière.
Il a suffi d’une méprise, d’une tragique méprise, pour que le rêve se brise en morceaux. Du mauvais endroit au mauvais moment. De la mauvaise couleur de peau. Injustement accusé de viol, Roy se voit condamné à douze ans de prison. Comment survivre à une vie volée ? Comment nourrir un amour que les murs, l’amertume et le temps corrompent à petit feu ? Et comment croire encore – pour le meilleur ou pour le pire – au rêve américain ?
Lauréate du Women’s Prize for Fiction 2019
Thématiques : Racisme, PP Noir(e)s, Injustice raciale, Prison, Condamnation à tort, Reconstruction, Autrices afro-américaines
Trigger warning : Racisme, Agression sexuelle, Divorce, Séparation, Abus psychiques et corporels
Un mariage américain raconte l’histoire de Roy et Célestial, un jeune couple afro-américain marié depuis environ un an. De passage chez les parents de Roy, le couple décide de passer la nuit dans un hôtel. Lors d’une dispute, Roy sort prendre l’air et tombe sur une vieille dame désorientée. Il la raccompagne à sa chambre puis part retrouver sa femme. Il ne le sait pas encore mais c’est à ce moment précis que sa vie bascule à jamais. Plus tard dans la nuit, Roy est arrêté pour viol, accusé par la vieille dame qu’il a aidé quelques heures plus tôt. Jugé injustement coupable, il est condamné à 12 ans de prison….
L’arrestation et l’incarcération abusive d’afro-américains est une réalité. On en parle aujourd’hui beaucoup sur les réseaux sociaux face à la montée du white nationalism aux US, soutenu par Trump mais cela existe depuis bien plus longtemps. Je vous invite d’ailleurs à voir sur Netflix l’incroyable Dans leur regard qui raconte l’histoire vraie de 5 jeunes accusés du viol d’une jeune femme blanche à la fin des années 80. Condamnés alors qu’ils sont innocents, juste parce qu’ils sont noirs et hispaniques, ils seront blanchis en 2002 par les aveux du véritable coupable.
On ne choisit pas plus d’où on vient qu’on ne choisit sa famille. Au poker on reçoit cinq cartes. Il y en a trois qu’on peut échanger et deux dont on ne peut pas se défaire : sa famille et sa terre natale.
Intriguée par le thème de ce roman, je m’y suis plongée, sûre que j’allais ressortir de cette lecture en tenant mon coup de cœur de la rentrée. Je ne me doutais pas que j’allais également être autant scandalisée par un personnage ! Alors que Roy m’a émue, Celestial m’a révoltée. Je n’ai jamais été dans cette situation, certains pourront donc dire que je ne peux pas comprendre, mais le traitement infligé à Roy par son épouse est ignoble. Sa lâcheté, sa malhonnêteté envers Roy mais aussi envers le personnage d’Andre et son comportement sont inexcusables. J’ai hurlé contre ses décisions, contre sa dureté envers Roy, contre ses paroles.
Si vous vous attendez à une description détaillée du processus judiciaire, ne soyez pas déçus, ce n’est pas ce que vous lirez ici. Tayari Jones passe rapidement (peut-être un peu trop) dessus pour se concentrer sur la vie carcérale de Roy. Le temps passe, rythmé par les échanges épistolaires entre lui et sa femme. Un choix intéressant qui offre une dynamique originale à l’histoire.
– Je n’ai pas fait ce dont on m’a accusé.
– Je le sais. Personne ici ne pense que tu es coupable. Tu était juste le type de la mauvaise couleur au mauvais endroit au mauvais moment. On ne peut pas faire confiance à la police. C’est pour ça qu’il y a tant des nôtres derrière les barreaux.
Je ne vais pas mentir, lire ce roman a été dur émotionnellement. Et je suis blanche. Je sais que ce que j’ai ressenti n’a rien à voir avec ce qu’auront pu ressentir les populations afro-américaines et afropéennes à la lecture de ce titre. Un mariage Américain trigger beaucoup. Ce n’est pas une lecture que je recommanderais si vous cherchez un roman pour vous détendre. Il faut néanmoins le mettre dans le plus de mains possible. Parce qu’il est temps d’éveiller un maximum de consciences sur la dure réalité de l’injustice raciale.
Grand Format : Editions Plon – 21€ / Poche : Pocket – 7.95€