Anna Claramond ne se souvient plus de rien. Seul son nom lui est familier. Presque malgré elle, la jeune fille accepte les assiduités du beau Wynter, l’héritier d’une puissante dynastie. Bal de rêve et cadeaux somptueux se succèdent avec lui mais Anna sent que quelque chose ne va pas. Qu’elle est en danger.
De plus, des indices et des messages sont semés à son attention par l’insaisissable Masque, un fugitif recherché. Qui est son ennemi, qui est son ami ? Anna sait qu’elle doit se souvenir. Mais que lui réservera sa mémoire une fois retrouvée ?
Cette critique possède quelques spoilers ou indices qui pourraient vous révéler la chute.
Auteur prolifique, Fabrice Colin nous offre avec son dernier roman, un voyage d’une intensité sans pareille. Bal de Givre à New York n’est pas une histoire comme les autres. C’est le combat difficile d’une jeune amnésique, Anna, qui tente de comprendre le monde qui l’entoure et ses incohérences. Une histoire qui vous transporte tellement quevous restez sur les fesses à la dernière page. Un livre qui vous marque éternellement. Voilà ce qu’est Bal de Givre à New York.
Je l’avoue avec honte, je n’avais jamais lu un livre du très séduisant Mr Colin auparavant, quant bien même j’ai toujours été tentée par les soeurs Wilcox. Non pas parce que je n’ai jamais été intéressée, mais parce que le temps m’a manqué. Cependant, charmée par la couverture de son dernier roman et par le résumé aussi intrigant que court, je n’ai su résister.
Et heureusement !
” Le doute n’était plus permis. Nous nous trouvions au sommet de la Dame du Temps, le symbole de New-York, une statue monumentale marchant courbée contre la tempête et tirant, tel un fardeau sacré, la ville entière derrière elle.
De l’autre main, la Dame tenait un sablier à moitié vidé. Dieu sait comment le Masque m’avait amenée sur Time Island.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Fis-je, incapable de détacher mon regard de sa figure.
Il tendit un bras vers New-York :
Cette ville n’est pas la tienne. Il serait temps de l’admettre.
Quoi ?
Tu n’habites pas ici.
Je n’avais à lui opposer qu’un rire aigre.
Ridicule.
New York ne ressemble pas à ça, Anna. Et tu le sais.
Au dessus des gratte-ciel, le dirigeable Seth-Smith, qui venait de sortir d’un nuage, tournoyait lourdement sur lui-même.
– “Le sens de la vie”, ânonna le Masque. Ne réalises-tu pas ce que cela signifie ?” – p136
Qu’on se le dise, le début est déroutant. On s’imagine entrer dans une histoire carrée, avec un problème établi, mais c’est loin d’être le cas. Non, au lieu de ça, on découvre la vie d’Anna, un quotidien qu’elle ne comprend pas elle-même et un monde étrange, incongru, un New-York totalement différent de celui que l’on connait. On navigue alors entre le fantastique, le rêve éveillé et le témoignage. Petite incohérence qui surprend, Anna est loin d’être totalement amnésique. Elle se rappelle de beaucoup de choses, la mémoire lui revenant très vite. Pourtant, on découvre rapidement que quelque chose cloche, que le New York dans lequel elle vit, n’est pas normal, ne correspond pas à celui que l’on connait si bien.
Il lui faudra du temps pour comprendre qu’elle est en danger, plus qu’il nous en faudra pour se rendre compte de la véritable nature de Wynter et du Masque et de l’état actuel d’Anna. Cependant, le talent de l’auteur est tel, que l’on ne comprendra vraiment tous les signaux donnés qu’à la toute dernière phrase du livre.
” Un pas en arrière : celui qu’il fallait pour perdre l’équilibre. J’eus le temps de voir Wynter tendre la main, l’ultime tentative. Mais aucune force, cette fois, n’aurait pu me maintenir dans les airs. Parce que je ne le désirais pas.” – p288
La plume de Fabrice Colin est un enchantement. Agréable à lire, offrant une histoire maitrisée, pleine de rebondissements, de messages cachés, Bal de Givre à New York se lit rapidement, que dis-je, se dévore ! Et que vous croyiez y être préparé ou pas, rien ne vous empêchera de prendre une énorme claque à la fin du livre. Car rien ne laisse présager le thème véritable de ce roman, absolument rien. Fabrice Colin offre un bouleversant hommageà un épisode noir de l’Histoire.
Stephan de Pasquale de RTL a dit “Vous sortez de ce roman comme d’une anesthésie, groggy, chancelant, troublé“, il avait raison. Et pourtant, ces termes ne sont pas assez forts pour traduire la palette d’émotions que cette lecture vous procure. Frissons, enchantement, surprise, vous aurez le souffle coupé plus d’une fois.
” Il y eut cette seconde terminale, cette libération, puis un flot de douleur inouï se déversa en moi, si bref que j’eus à peine le temps de le sentir.” – p289
Une seule chose à dire : Merci ! Merci Mr Colin pour cette lecture fantastique !
Ne résistez pas à Bal de Givre à New York, cette lecture vous émerveillera du début à la fin ! Un indispensable !