La première est rêveuse, rigolote et sensible, mais « coeur d´artichaut», un brin capricieuse et loin d´être indépendante. La seconde est plus mature, déterminée, un peu mystérieuse mais peut être d´une froideur qui glace le dos. Toutes deux s´appellent « Nana », ont un attrait pour l´art et ont vécu en province. Toutes deux vont connaître l´Amour et décider de partir pour Tokyo.
Thèmes : Tranche de vie, quotidien, quête d’identité, amour, amitié, musique, Japon
Trigger warning : auto-destruction, sexisme, tromperies, prostitution, mutilation, tentatives de suicide, violences conjugales…
En ce moment, je suis en plein dans une phase nostalgie. Je regarde pleins de films que j’ai découvert y a des années de ça, je lis des manga que j’adorais étant ado…. Et notamment un qui m’a marqué, comme toute une génération de lecteurs : Nana.
Marqué pour plusieurs raisons : l’histoire, belle et mélancolique, les personnages si touchants qu’on les croiraient réels, mais surtout pour le destin terrible d’un des meilleurs shôjo de tous les temps.
Alors aujourd’hui j’avais envie de vous en parler. De vous faire remonter de bons souvenirs si vous avez déjà lu Nana ou bien de vous faire découvrir cette petite merveille qui mérite clairement une place dans votre cœur (et dans votre bibliothèque).
C’est en 1999 que Nana fait son apparition dans le très jeune magazine Cookie (Shueisha). Ai Yazawa est alors une mangaka qui s’est déjà fait un petit nom avec des séries comme Je ne suis pas un Ange (Tenshi nanka janai – 1992), Gokinjo, une vie de quartier (Gokinjo monogatari – 1995), Last Quarter (Kagen no tsuki – 1998) ou Paradise Kiss (2000) qu’elle publie en même temps que Nana dans un autre magazine que Cookie (Zipper).
Très vite, le succès est au rendez-vous. Et ce qui ne devait être qu’un one-shot se transforme en série longue, puis en anime, puis en film live. Nana envoûte les esprits par une véritable originalité. Ai Yazawa se lâche complètement dans cette série offrant un bel hommage à l’univers Punk et faisant découvrir à ses lecteurs le milieu pas toujours rose de la musique. On y suit deux jeunes femmes très différentes au même prénom qui se rencontrent toutes les deux dans le train qui les conduira à Tokyo. Tout les opposent et pourtant, le destin va continuellement les réunir.
Mais pourquoi c’est bien Nana ?
Je considère Nana, comme l’une de mes plus belles découvertes. Jouant sur les rapports humains, l’addiction affective, la culture Punk et la culture Pop, Nana offre une vision torturée mais réaliste du passage à l’âge adulte. Allant de désillusions en désillusions, nos héroïnes se rendent compte que rien n’est facile et que la vie est faite de compromis et de choix souvent difficiles. Les rêves c’est bien, mais c’est l’action et le travail qui payent.
Ai Yazawa n’hésite pas à traiter de thèmes difficiles comme l’abandon, la prostitution, la mort, la scarification, la tendance au suicide, la maladie…. Prouvant que le shôjo peut être plus qu’une simple histoire d’amour et sait aussi proposer des choses plus fouillées.
Ce qui plaît également dans cette série, c’est la palette variée de personnages, récurrents ou non. Chaque lecteur y trouvera son compte et adorera aimer ou détester un ou plusieurs d’entre eux. Mes coups de coeur persos vont à Shin, Ren, Nana O. et Takumi (malgré le fait que ce type soit un parfait connard oui oui). Hachi est mignonne mais énervante et j’ai du mal avec ces personnages en général. Par contre, je déteste Reira !! Non vraiment, impossible de l’encadrer.
La terrible malédiction du Roi des Démons
Nana est aussi tristement connu pour sa pause de plusieurs années. En 2009, après avoir brisé le coeur de tous ses lecteurs suite aux révélations du tome 21, Ai Yazawa tombe gravement malade interrompant, de ce fait, la parution de la série (seuls deux chapitres du tome suivant ont été publiés dans Cookie, jamais en France). Les informations sur l’état de santé de la mangaka sont peu nombreuses, amenant une certaine inquiétude dans la fanbase.
En 2013, l’autrice revient un peu à Nana avec deux pages de la Pièce de Junko (le bonus présent à chaque fin de tome) publiées à l’occasion du 100e numéro de Cookie.
En 2016, elle donne de ses nouvelles via une interview dans le magazine japonais Rola dont elle réalise la couverture. Elle dit de sa série Nana que c’est “Un grand accomplissement. Mon challenge était de sortir toutes mes idées, tout ce que j’avais en tête. Je suis désolée de vous faire attendre mais c’est sûr, un jour je reviendrai et donnerai le meilleur de moi-même”. Depuis, pas d’autres infos.
Malgré les années et cette pause sans fin, Nana est un classique du shôjo. Moderne, percutante, une série comme on aimerait en voir plus souvent sur le marché actuellement appauvri. Je vous conseille chaudement la lecture de ce manga qui ne pourra vous laisser indifférent. C’est une de mes séries chouchoutes, un coup de coeur que je relis toujours avec un immense plaisir et un amour infini pour le travail de cette mangaka de génie qu’est Ai Yazawa.
Mangaka : Ai Yazawa
Editeur : Delcourt
Nombre de tomes : 21 (FR) – 21 (JP – En cours)
Prix : 6.99€
Anime : Oui
Mes chroniques sur les autres titres de l’autrice
LE shôjo qui m’a le plus ému : Nana
Last Quarter : plongée au coeur de la trilogie la plus sombre de Ai Yazawa….
Wouah ton article est magnifique ! J’aime autant que toi ce manga incroyable : tout est beau, les dessins, l’histoires, les personnages … Et je ne savais pas que l’interruption du manga était du à un problème de santé du mangaka. Merci pour cet article nostalgique ! 🙂
Rolala les souvenirs que ce manga fait remonter à la surface, rien qu’à la simple évocation du nom. Puis ensuite viennent les musiques de l’animée, l’ambiance, les dessins… C’est vraiment le meilleur manga à mes yeux, désolée pour mes autres chouchous, mais aucune autre série n’a sut faire mieux. On y parle de tout, de la joie, de la peine, des thèmes sombres. C’est un manga que je me souviens parfaitement quand je l’ai découvert, et qu’à chaque sortie de tome j^étais heureuse de retrouver.
Takumi était le genre qu’on aimait détester, c’était toujours sur le fil avec lui. Tantôt il était adorable, tantôt il était horrible. Hachiko… ça dépendait. Généralement je ne supporte pas les filles comme elle dans les histoires, mais je pense que son regard sur Nana et leur amitié à fait qu’elle a su grandir et trouver une place dans le cœur de certains lecteurs, même ceux qui n’en étaient pas fan. Puis Nana, que dire sur elle ? Rien tant c’est un personnage que l’on ne retrouve nul part ailleurs. J’espère que quand Ai reviendra on en apprendra plus sur son enfance, c’est une partie d’elle qui semble difficile à traiter mais qui mérite que l’on s’y intéresse. Puis il y a les autres personnages. Reira je ne sais pas quoi penser d’elle… puis le mystère de son fils qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Ren, ou un mélange entre Ren et Shin.
Vraiment, les idées et personnages qu’a sû construire la mangaka sont géniaux. C’est bien travaillé psychologiquement, et il y a toujours un autre niveau de lecture.
Rien que d’en parler j’ai envie de me replonger dedans.
Bref, désolée du pavé, mais j’ai pas l’occasion de parler de ce manga alors j’en profite.
Encore une fois, superbe article !
Merci à toi pour tes commentaires, j’ai adoré les lire (j’ai mis du temps pour y répondre, pardon !) ! Pour Petit Shin, j’ai tenté de trouver des indices lors de ma dernière relecture et je pense que c’est soit l’enfant de Hachi et Takumi. Mais que lors de leur séparation, chacun a pris un enfant de son côté. Soit c’est l’enfant de Reira et Takumi. Mais à un moment, lors d’un échange entre Reira et mini Shin, j’ai trouvé qu’il n’y avait pas d’alchimie entre les deux. Reira est bien trop distante avec lui. C’est un perso complexe mais très sensible. Si ça avait été sa mère, je pense qu’il y aurait eu plus de réaction de sa part.
Tu en parles tellement bien ♥ Un manga qui m’a beaucoup marqué, un des premiers que j’ai lu d’ailleurs. Tu me donnes envie de relire tous les volumes sortis, en espérant encore et toujours avoir la suite un jour 🙂
Merci ! 🙂 Haha c’est le but ! J’espère aussi, je garde espoir !
[…] inachevée, rend son histoire plus tragique encore. Je vous en avais déjà parlé dans cet article, mais j’ai eu envie de revenir sur l’un de mes plus grands coups de […]
[…] inachevée, rend son histoire plus tragique encore. Je vous en avais déjà parlé dans cet article, mais j’ai eu envie de revenir sur l’un de mes plus grands coups de […]