USA Voyager par les livres Young Adult

Hantise

hantise-tea-9782012022782_0« L’image est austère et pourtant étrangement belle. Au premier plan, à droite, un buisson. Au milieu, une fille. Elle a un joli visage, à demi caché par des cheveux noirs. Son corps est couvert d’entailles, une rivière de sang dégouline de sa tête. Ses lèvres sont entrouvertes, mais elle est incapable de parler.

Ses yeux sont grand ouverts, mais ils ne voient rien. L’image ressemble à n’importe laquelle des photos que j’ai prises, à un détail près. Je suis sur la photo. La fille, c’est moi. »

55454Connue depuis peu en France, Michele Jaffe revient sur le devant de la scène en 2011 grâce aux éditions Black Moon. Hantise, c’est l’histoire de Jane, une jeune femme retrouvée à demi-morte dans un buisson. Elle ne se souvient de rien mais est persuadée que l’un de ses amis veut la tuer. Difficile de faire passer le message à la police ou aux parents qui la croient folle.

Outre la couverture particulièrement étrange et dérangeante, c’est le résumé de la quatrième de couverture qui donne vraiment envie de ce plonger dans cet ouvrage. On s’attend alors à lire un polar bien tendu et frissonnant. Mais, même si la recette est là, les ingrédients sont mal préparés et l’on découvre finalement un résultat passable et décevant.

« J’inspire profondément et ferme les yeux, laissant la petite pièce se remplir de buée. L’air chaud et humide me fait du bien, je me sens presque normale. Peut-être vais-je guérir. Peut-être…
J’ai dû m’assoupir. Un bruit me réveille, et je jette un œil par le rideau pour voir si quelqu’un arrive, mais il n’y a personne, juste les toilettes et le miroir.
Le miroir sur lequel est écrit en lettres majuscules, un peu floues mais impossibles à ignorer :
TU AURAIS DÛ MOURIR SALE GARCE !
C’est à ce moment-là que ma voix revient dans un long cri gargouillant. » – p79

Si certaines fin de chapitres accrochent et scotchent au siège, la majeure partie de l’ouvrage n’a finalement qu’unintérêt incertain. On le sent, l’auteur cherche à perdre le lecteur autant que son personnage, mais les ficelles tirant la marionnette sont trop visibles et on ne tombe pas dans le piège une minute.

Les suspects les plus probables sont utilisés avec une facilité déconcertante si bien que l’on devine aisément ce que l’auteure cherche à faire. Jane est un personnage intelligent mais bien mal construit qui n’attire pas la sympathie du lecteur.

« – Attendez, qui est à l’appareil ?
– Tu ne sais pas ?
– Non.
– Je suis la personne qui a essayé de te tuer. Ou plutôt qui va te tuer.
Mon sang se glace dans mes veines.
– Ce n’est pas drôle.
– Je peux t’assurer que je ne plaisante pas.
Je déglutis.
– Mais de quoi parlez-vous ?
Mes bras fonctionnent, mais mon cerveau est plus engourdi que jamais.
– Nous savons tous les deux que ce qui t’es arrivé n’était pas un accident.
Je me met à trembler.
– N’est-ce pas ? Me harcèle la voix.
– Qui est à l’appareil ?!
Mes mains sont gelées autour du combiné.
– Dites-moi qui vous êtes.
– Ç a, c’est à toi de le découvrir. À bientôt.
La ligne est coupée. Un garçon que je n’ai jamais vu entre dans ma chambre, un téléphone portable dans une main et une grande boîte sous le bras. Il me regarde et dit :
– Bonjour, Jane. » – p188

Adolescente banale, sa vie l’est tout autant et ses faux problèmes également. Il est aussi agaçant de voir tous les garçons tomber sous son charme. Un élément trop souvent inséré dans les titres YA qui finissent par lasser.

Cependant, l’histoire tournant autour de Bonnie et de son destin tragique donne envie d’en savoir plus. Il est dommage que Michele Jaffe n’ai pas mis plus de priorité à développer la plus intéressante intrigue de son histoire. Surtout quand on finit par lire la conclusion décevante du mystère de l’agression de Jane.

« Dedans, comme pris dans un sortilège, sont allongés un garçon et une fille. Lui porte une chemise ornée de pingouins brodés et elle une robe blanche à œillets qui date probablement de la saison dernière. Il est d’une beauté à couper le souffle. Ses cheveux à elle semblent avoir été taillés à la machette et elle gardera sans doute toujours une cicatrice sur le front, là où les médecins l’ont recousue, mais elle s’en fiche. Il se font face, nez à nez, et sourient.
Dans son chaos festif, l’image ressemble à beaucoup de photos que j’ai prises ces derniers temps, mais ce n’en est pas une. Ce n’est pas une photo. C’est la vraie vie.
Et j’en fais partie. » – p402

Mis à part l’identité du tueur, on devine tout très vite et la motivation du suspect tourne au ridicule, tant par son sujet que par sa tournure très maladroite et difficile à suivre.

En clair, même si Hantise fait passer un bon moment et possède de bons éléments, on est vite déçus par la révélation finale. Dommage !

0 commentaire

  1. […] Cette semaine, j’ai eu l’agréable surprise de recevoir de la part des éditions Hachette, le très prometteur Fleur de Fantôme, Blackmoon paru au début du mois. Il s’agit d’un nouveau titre de Michele Jaffre à qui l’on doit déjà Hantise. […]

  2. […] Michelle Jaffe, je n’avais lu qu’Hantise et cette lecture avait été mitigée. Heureusement, celle de Fleur de Fantôme […]

  3. Je l’avais bien aimé =)

  4. […] Michelle Jaffe, je n’avais lu qu’Hantise et cette lecture avait été mitigée. Heureusement, celle de Fleur de Fantôme […]

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