Le Métier de Libraire

Le salaire du libraire ou comment vous ne ferez jamais fortune en vendant des livres

On le sait depuis longtemps : quand on fait un “métier passion”, le salaire n’est jamais florissant. Le métier de libraire ne déroge pas à la règle. Vous vous enrichissez plus culturellement que financièrement ! Cet article vous propose de manière objective un petit tour d’horizon des rémunérations et des évolutions dans le monde de la librairie. 

La grille des salaires de la librairie

Comme dans toute branche, il existe une grille détaillant les salaires selon les niveaux des employés. Celle de la librairie ressemble à ceci (source : Syndicat de la librairie française) :

 

Il existe 10 niveaux d’évolutions pour un libraire. En théorie. En pratique, on en comptera moins. Que vous soyez dans une librairie indépendante, dans une GSS ou dans un espace culturel, vous ne serez pas payés de la même manière et vos postes ne correspondront pas véritablement au niveau affiché sur votre fiche de paye.

Nous prendrons l’exemple des GSS car c’est le plus commun et que je peux parler d’expérience. Un vendeur débutant commencera au niveau 2 (le niveau 1 ne concerne pas les libraires. Il ne s’applique donc pas.) il touchera alors le smic. Son salaire augmentera progressivement avec la revalorisation de celui-ci. Il y restera longtemps. TRES longtemps. Les conditions d’évolutions étant étudiées pour ne pas faire évoluer (c’est dur à dire, mais c’est la vérité et c’est d’ailleurs le cas pour bon nombre de métiers, pas uniquement celui de libraire).

Si les librairies indépendantes sont plus à même de payer à l’expérience (et donc de respecter cette grille des salaires), pour les GSS (ou grandes surfaces culturelles), c’est une toute autre histoire. Que vous soyez débutant ou expérimenté vous serez au même niveau : le niveau 2. Un niveau qui ne correspondra pas à votre fiche de poste. Car, en pratique, vous aurez toutes les missions d’un gestionnaire de rayon (niveau 6 ou 7). Et c’est là que le bas blesse. En faisant de vous un “vendeur polyvalent”, les GSS ont trouvées le moyen de vous payer moins cher que ce que la grille des salaires indique. Beaucoup de libraires se retrouvent donc avec un smic alors qu’ils devraient toucher entre 1920 et 2090€ brut par mois. 300 à 500€ qui font toute la différence dans des entreprises qui ont pourtant les moyens d’investir dans leur personnel.

Concernant les avantages, cela change d’une crémerie à une autre. Certains proposent uniquement un pourcentage sur les livres (de 5 à 30% selon les boites), d’autres rajoutent aussi des tickets restaurants, des cartes cadeaux pour les fêtes, les anniversaires et noël. D’autres, plus rares, offrent même un treizième mois. Certaines boites proposent également des primes en fonction de plusieurs facteurs (intéressement, participation, accueil clientèle, avis clients, taux de transformation, budgets atteints, etc…). Il est cependant tellement rare dans le métier d’y avoir accès que beaucoup s’en contentent et prennent ça pour une véritable chance. Quand, en réalité, il est tout à fait normal pour un salarié de toucher des primes sur le chiffre d’affaire qu’il aide à réaliser et d’avoir des avantages pour le motiver à rester. Pour vous donner un exemple d’à quel point nous sommes formatés à ne rien avoir, lors d’un entretien d’embauche pour une boite, j’ai été étonnée d’apprendre que les salariés avaient le droit à une pause de 20min dans la journée, en plus de leur pause déjeuner ! Car dans mes anciens travails, je n’avais jamais eu l’occasion d’en avoir, tout comme une chaise à mon poste !

Est-ce légal ? Y a t’il un moyen de changer les choses ? C’est compliqué. Très compliqué. On vous dira que c’est comme ça, que si vous n’êtes pas content, il y en a plein qui ne demandent pas mieux que de prendre votre place, que vous avez de la chance de travailler, etc.. etc….

Et l’évolution dans tout ça ?

Comme dit un peu plus haut, il est très difficile d’évoluer dans le métier. Le poste de gestionnaire de rayon n’existe pas dans le secteur (ou c’est très très rare de trouver des fiches de poste avec cet intitulé). Vous commencez “vendeur polyvalent” et vous y restez. Si vous voulez monter dans les échelons, vous pouvez devenir “adjoint” (ce poste existe à Cultura par exemple. C’est un poste qui permet de former un ancien vendeur polyvalent à devenir chef de rayon) ou “responsable de secteur/magasin / chef de rayon” (c’est à dire manager). Il est rare qu’un libraire devienne directeur d’un magasin. Il faut plusieurs années pour y arriver et en général, un libraire avec de l’expérience sera plus désireux de monter sa propre boite.

Le libraire, condamné à avoir un salaire de misère ?

Eh bien pas forcément ! Comme je l’ai dit, en général, les librairies indépendantes appliquent mieux la grille des salaires, il faut bien se renseigner lorsque l’on passe un entretien.

Contrairement aux idées reçues, devenir manager n’est pas forcément plus intéressant financièrement. Car au poste, s’ajoute un nombre d’heures conséquent. Vos responsabilités augmentent mais le salaire reste toujours bas par rapport à celles-ci et au temps que le boulot vous demande.

La seule façon pour un libraire de bien gagner sa vie serait éventuellement de monter sa boite. Un parcours dont beaucoup rêvent mais qui est long et semé d’embuches et qui ne garanti pas la prospérité. Il faut s’investir énormément, financièrement et humainement et il faut compter plusieurs années avant de pouvoir se dégager un salaire digne de ce nom. Nombreux sont les patrons libraires qui se payent moins que leurs employés par exemple. 

En vérité, le meilleur moyen pour pouvoir gagner convenablement sa vie en tant que libraire, ce serait que les GSS appliquent correctement la grille des salaires en supprimant le niveau 2 et en faisant passer les “vendeurs polyvalents” en gestionnaire de rayon, ce qu’ils sont en réalité. Mais ça….. C’est une autre histoire !

1 commentaire

  1. […] » c’est bien parce que ça ne paye pas des masses. Je vous en parle d’ailleurs dans cet article. Un libraire touche à peine plus que le smic et les évolutions de carrière sont peu nombreuses […]

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