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La Rose de Versailles, un chef d’oeuvre du manga….

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France, au printemps 1770, l’archiduchesse Marie-Antoinette, fille de l’impératrice d’Autriche Marie-Thérèse de Habsbourg, se marie à 14 ans avec un Bourbon, le futur Louis XVI. La dauphine est protégée à tout instant par le capitaine de la garde royale, Oscar François de Jarjayes, qui n’est autre que la fille cadette d’une respectable famille de soldats. Un jour, alors que Marie-Antoinette se rend à un bal masqué à l’opéra, elle y fait la rencontre d’un gentilhomme suédois, Axel de Fersen et en tombe amoureuse. Ils ont tous les trois 18 ans leur rencontre va, à jamais, bouleverser le cours de leur existence. 

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C’est LE shôjo culte par excellence, celui qui a fait connaitre l’Histoire de France et le Château de Versailles aux japonais, La Rose de Versailles est un mastodonte du genre.

Sorti en 1972 dans le magazine Margaret (créée en 1963) de ShûeishaLa Rose de Versailles (ベルサイユのばら, Versailles no bara), figure parmi les premiers manga réalisés par une femme pour un public féminin. Jusqu’alors, le domaine était réservé exclusivement aux hommes.

Pendant un an (durée de publication de la série), les lecteurices ont pu découvrir les aventures d’Oscar, Marie-Antoinette, Fersen, Louis XVI et bien d’autres.

En 1979, alors qu’il a déjà eu le droit à un film franco-français intitulé Lady Oscar, réalisé par le grand Jacques Demy, La rose de Versailles est adapté en anime par le studio TMS Entertainment. Pendant 42 épisodes, c’est une fresque épique que les téléspectateurs peuvent savourer. Puis, en 1990, sort un film, recoupage de la série.

Au delà de son succès japonais, La Rose de Versailles est très bien accueilli par le public français avec la diffusion de l’anime rebaptisé Lady Oscar en 1986 dans l’émission RécréA2 d’Antenne 2. Il est rediffusé en 1989 toujours chez Antenne2 avant de migrer vers France 3 en 1998 chez les minikeums, émission culte de toute une génération. Quant au film de Demy, il faudra attendre 1997 pour que le public français le découvre. Dans les années 2000, Lady Oscar est rediffusé deux fois. Une première fois en 2004 sur France 5 dans l’émission midi les zouzous (qui rediffuse de grands classiques comme  Princesse Sarah ou  Olive et Tom) et en 2005 sur la chaîne Mangas.

La Rose de Versailles, comme le prouve ses nombreuses rediffusions est une série inter-générationnelle qui plaît toujours, malgré son âge. Par nostalgie ou par surprise de voir deux cultures savamment mixées, les raisons d’aimer La Rose de Versailles sont nombreuses.

Un succès porté pendant 16 ans uniquement par l’anime. Le public français devra attendre 2002 pour que Kana publie les trois tomes (deux tomes plus un spin-off recueil de petites histoires) qui composent la série. (Un tome 4, autre recueil d’histoires inédites mettant en scène le passé de certains personnages et le destin d’autres après la prise de la bastille, dessiné 40 ans après la fin de la série est sorti en juillet 2019).

J’ai connu ce titre toute petite par le biais de l’anime Lady Oscar et j’en suis devenue accro tout de suite. Loin de faire écho à l’anime, La Rose de Versailles en est un complément parfait car il permet de traiter plus en détail les moments de l’anime trop rapidement passés sous silence. Bien que ce soit un shôjo, l’auteur ne s’attarde pas trois heures sur un élément pour faire durer la romance. On le sait, la fin ne sera pas des plus heureuses et les histoires d’amour tournent très vite à la tragédie (Ah André et Oscar! Mon couple fétiche! Oscar est d’ailleurs mon tout premier crush.).

La chance de pouvoir lire des manga sur l’Histoire de France, est assez rare et Riyoko Ikeda fait ça de manière exemplaire. Plus qu’un travail de création, La Rose de Versailles est avant tout un travail d’adaptation. Ikeda s’inspire beaucoup, de la biographie de Marie-Antoinette de Stefan Zweig (Romancier autrichien né en 1881 et décédé en 1942). Zweig, qui avait une grande passion pour la reine de France, en avait aussi une vision légèrement déformée et romancée. Il lui excusait très facilement certaines erreurs et certains de ses défauts, la décrivant également comme une « reine de tragédie ». Ce que fait également Riyoko Ikeda.

La Rose de Versailles, comme chaque histoire à vocation historique comporte des éléments romancés et incorrects par rapport à la réalité. Notamment sur les costumes qui ne sont pas de la bonne époque ou de la bonne division (comme ceux de la Garde). Oscar, par exemple, porte un costume napoléonien pour le côté esthétique (rappelons que Napoléon devient empereur quelque temps après la révolution). Ikeda offre cependant une œuvre très réaliste du dernier couple royal et de la révolution française. Lire La Rose de Versailles c’est comme prendre un cours d’Histoire de France en plus agréable mais attention tout de même!

Car si l’œuvre est réaliste, certains personnages sont bien différents dans le manga par rapport à la réalité. Ainsi donc, Marie-Thérèse d’Autriche n’est pas aussi bienveillante et douce dans la réalité mais a plutôt un esprit rusée de mère, cherchant à s’immiscer dans les affaires de la France par le biais de sa fille poussée dans une destinée non voulue. Mercy, quant à lui, n’est pas aussi pacifique. Marie-Antoinette, bien que fidèlement décrite, n’a jamais choisi les ministres à la place du Roi qui était suffisamment intelligent pour ne pas mettre dans des mains frivoles les affaires de l’État. En parlant du Roi justement, il n’est pas si idiot et benêt dans la réalité. Louis XVI était surtout timide mais intelligent, bien qu’ayant des plaisirs simples.

L’un des principaux défauts de l’œuvre réside dans sa temporalité. Il est difficile de se rendre compte que plusieurs années passent, les personnages gardant leurs traits juvéniles.

Le point fort de l’œuvre, en dehors de son contexte, c’est son personnage principal: Oscar. Ah Oscar! On en rêve toute, elle incarne le prince charmant, l‘homme parfait et c‘est normal, car c‘est une femme ! Oscar c’est notre chouchou, on ne peut s’empêcher de la voir comme un homme qu’on aimerait avoir, mais on pleure avec elle quand ses sentiments prennent le dessus et quand son cœur se brise.  On craque toutes pour elle et c’est aussi le cas des jeunes filles du manga comme Marie-Antoinette elle-même et Rosalie qui est, sans aucun doute, amoureuse d‘Oscar. La Rose de Versailles est un monde avant-tout féminin où les hommes sont assez en retrait. Alors est-ce que l’on peut qualifier Lady Oscar d’œuvre féministe ?

La mangaka utilise beaucoup de références dans son manga. Ainsi, en plus des multiples références à la tragédie grecque dans le second tome, on peu s’amuser à voir un peu de Dumas dans le masque noir et Oscar, un peu de Zola dans le peuple et un peu d’Hugo dans l’histoire de Jeanne et Rosalie qui évoquent beaucoup Les Misérables. C’est surprenant de voir une telle maîtrise de la culture française de la part d’une autrice étrangère à celle-ci.

Mais là où l’œuvre est la plus impressionnante c’est dans son graphisme plein de bons sentiments limite guimauve et de préjugés. Car oui ! La Rose de Versailles est un manga pour filles, mais il est beaucoup plus que ça. Si l’on a vu l’anime en premier, le côté cartoon des sd qui rappellent le style de Tezuka peuvent déstabiliser quelque peu. Car au niveau visuel, l’anime est beaucoup plus sérieux et dramatique que le manga. Néanmoins, on s’y habitue vite. Grâce à son trait assuré et ses nombreuses recherches sur l‘architecture, Riyoko Ikeda nous fait voyager dans une atmosphère romantique de la noblesse et enivrante de passion dans une France très fidèle à celle du XVIIIe. Le plus impressionnant reste les yeux des personnages. On y retrouve la pâte des années 70 et c’est un émerveillement. Ikeda ne laisse aucun défaut à ce niveau, laissant ses lecteurices admirer son trait romantique et passionné sublimé par un découpage et une mise en page époustouflante.

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Mangaka : Riyoko Ikeda / Nombre de tomes : 4 (19€ – Fini) / Anime : Oui

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0 commentaire

  1. […] Je pense notamment à Yumiko Igarashi (Candy, Joséphine Impératrice,…), Riyoko Ikeda (La Rose de Versailles – Aaaaah Oscar !), CLAMP (Card Captor Sakura, X, Tsubasa Reservoir Chronicles), Ai Yazawa […]

  2. Je rêve de me procurer l’animé, ou du moins de le voir une fois en entier (j’ai encore la chanson dans la tête!) et de lire le manga. Faut vraiment que je me le procure, tant il me rappel de merveilleux souvenirs.

    1. Moi qui suis une dingue de Marie-Antoinette, cet anime, c’est mon graal. Je suis une fangirl totale d’Oscar ! <3

  3. […] romancée, de cette période de l’Histoire de France qui passionne tant les japonais depuis La Rose de Versailles. Seul bémol, le personnage de Marie-Antoinette, cruche, sexualisée à outrance, ne me plait pas […]

  4. […] toujours aimé les oeuvres de Riyoko Ikeda. La mangaka est très connue en France pour La Rose de Versailles (ou Lady Oscar chez nous) dont l’anime était diffusé dans le club Dorothé. […]

  5. Superbe article très complet qui me donne envie de me replonger à la fois dans l’animé et le manga ^-^

    1. Merci ! 🙂

  6. […] n’avez pas encore sauté le pas. J’en profite d’ailleurs pour vous repartager mon article dédié à La Rose de Versailles que j’ai publié il y a quelques années si vous ne l’avez pas […]

  7. […] Je pense notamment à Yumiko Igarashi (Candy, Joséphine Impératrice,…), Riyoko Ikeda (La Rose de Versailles – Aaaaah Oscar !), CLAMP (Card Captor Sakura, X, Tsubasa Reservoir Chronicles), Ai Yazawa […]

  8. […] toujours aimé les oeuvres de Riyoko Ikeda. La mangaka est très connue en France pour La Rose de Versailles (ou Lady Oscar chez nous) dont l’anime était diffusé dans le club Dorothé. […]

Répondre à Pourquoi, selon moi, Yuu Watase est la meilleure mangaka shôjo (et pas que) au monde… | Les chroniques de Miawka Annuler la réponse

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