Je ne suis pas un gay de fiction a été l’un des événements young adult de l’année 2018 au Japon. Décrivant avec un réalisme troublant le quotidien d’un lycéen gay, l’ouvrage a su fédérer autant les concernés que les lecteurs lambda. Loin des romans MxM fantasmés, cet ouvrage aborde des thématiques bien réelles. Un futur incontournable, à n’en pas douter !
Jun est lycéen, et il est gay. Bien que vivant caché, il sait parfaitement qui il est. Fan de Freddie Mercury, il fréquente un homme plus âgé que lui… et marié ! Son seul véritable confident, Mister Farenheit, est une connaissance d’internet avec qui il discute via les réseaux sociaux. Mais quand un matin, au détour d’une librairie, il croise Miura, une de ses camarades de classe, en train d’acheter un manga homo-érotique, son quotidien va petit à petit s’effriter. Car cette dernière, fan de ” tout ce qui est homo “, ne voit pas l’évidence devant elle. Petit à petit, la lycéenne va tomber amoureuse de Jun… Ce dernier, prêt à tout pour entrer dans le moule et obtenir un bonheur ” comme les autres “, va essayer de répondre à cet amour. Combien de temps pourra-t-il entretenir ce mensonge ?
J’avais vu passer ce titre en librairie mais n’y avait pas prêté plus attention que ça. Et puis j’ai été contactée par Guillaume d’Akata qui souhaitait me proposer de le lire pour voir ce que j’en pensais, le titre ayant du mal à trouver son public. Akata cherchait à savoir pourquoi. J’ai acceptée avec plaisir, curieuse de voir ce que le titre donnait et souhaitant apporter mon soutien (les livres avec des personnages LGBTQ+ et ownvoices qui plus est, sont beaucoup trop rares sur le marché français).
Guillaume m’avait expliqué que le titre était destiné à un public averti, de part la présence de scènes explicites. Akata visant un public plutôt jeune adulte. Et je suis plutôt d’accord. Je pense que le titre cible un public entre 16 et 25 ans pour plusieurs raisons : l’âge des personnages, l’écriture et la sensibilisation au quotidien des personnes LGBTQ+, l’un des plus gros points forts de Je ne suis pas un gay de fiction. Le titre démoli les clichés persistants, réponds aux questions les plus fréquentes et offre une réflexion juste et intéressante. Le personnage de Jun est incroyablement vrai et touchant et son point de vue, bouleversant. En ça, je pense qu’il est intéressant de le mettre entre toutes les mains, voire, de l’étudier en classe pour sensibiliser les jeunes sur le sujet. On peut, bien sûr, lire ce livre en étant plus vieux, mais je pense qu’on se sentira moins proches des personnages et de leurs problématiques qu’un adolescent de 16 ans qui pourra s’identifier sans soucis aux personnages de Jun, de Miura ou de Mr Fahrenheit.
Pourquoi penses tu qu’on est venus au monde ?
Si tout être vivant est capable de se reproduire, et existe pour laisser derrière lui une descendance, alors pourquoi des êtres comme nous sont-ils créés avec cette orientation sexuelle ?
Si nous n’étions pas nécessaires, nous aurions dû en théorie disparaître, selon le principe de la sélection naturelle.
Mais alors, pourquoi ça ne marche pas ? Pourquoi le titre est mal placé chez les libraires ? Pourquoi le public le boude t-il ? Difficile de répondre à ces questions. Manque de sensibilisation auprès des libraires ? Probablement. Manque de communication sur les réseaux sociaux ? Non, Akata fait bien son boulot de ce côté là. Je pense que, peut-être, la couverture a son rôle à jouer. Je la trouve peu représentative de l’histoire, difficile à comprendre pour quelqu’un qui ne sait pas de quoi le livre parle. Les couleurs accrochent, mais l’illustration n’est pas assez vendeuse selon moi. De plus, le livre est rangé dans le rayon manga, et ne cible donc pas le bon public (la faute à la position du titre sur les bons de commandes fournisseurs).
Ce manque du succès me rend triste et j’espère que cette petite chronique contribuera à remédier à cela. Je ne suis pas un gay de fiction est l’un des meilleurs romans que j’ai pu lire ces dernières années et offre une vision bouleversante et juste sur le quotidien d’une communauté sous représentée. Je ne peux que vous conseiller de le lire, de partager et, si vous êtes profs, bibliothécaires ou libraires, de l’étudier et de sensibiliser les jeunes que vous côtoyez au message que le livre renvoie.
J’ai choisi de porter un masque parce que je n’ai ni le courage de révéler celui que je suis à mon entourage, ni assez confiance en mon entourage pour être sûr qu’il le prendrait bien.
Un grand merci à Guillaume et Akata pour l’envoi de ce livre et pour cette lecture qui fut très enrichissante.
Grand Format : Akata – 14.99€ / Poche : N’existe pas
la couv???? mais elle est terrible !!!!