Titre : Brisingr
Auteur : Christopher Paolini
Publié en: 2008 (USA) / 2008 (France)
Genre : Fantasy, Jeunesse
Editeur : Bayard Jeunesse
Nombre de pages : 828
Prix : 10.90€
Du même auteur : Eragon, l’Ainé, Brisingr, L’héritage
Eragon a une double promesse à tenir : aider Roran à délivrer sa fiancée, Katrina – prisonnière des Ra’zacs –, et venger la mort de son oncle Garrow. Saphira emmène les deux cousins jusqu’à Helgrind, les Portes de la Mort, repaire des monstres. Tandis qu’il veille au pied de la sinistre citadelle, Eragon s’interroge : viendra-t-il à bout des Ra’zacs ?
Comme chaque tome de la série, j’ai mis un certain temps avant de lire ce tome (1 an après leurs achats pour les deux premiers) afin d’être sûre de mieux l’apprécier. Mais comment apprécier 500 pages de vent? Brisingr était plein de promesses, mais il m’a déçue très largement.
N’oublie pas ta méfiance envers les Urgals, ils l’ont bien méritée, mais souviens-toi aussi qu’autrefois les nains et les dragons ne s’aimaient pas d’avantage que les hommes et les Urgals. Il fut un temps où les dragons combattaient les elfes et les auraient anéantis s’ils avaient pu. S’il en est autrement aujourd’hui, c’est grâce à des gens comme toi, des gens qui ont eu le courage de mettre de côté leurs anciennes haines pour tisser à la place des liens d’amitié.
L’auteur souhaite développer la personnalité de ses personnages, seulement c’est quelque chose que l’on fait dès le début d‘une histoire pas au bout d‘un troisième roman. On ne concentre pas un livre entier sur ça au risque d’endormir son lecteur faute de réelle action. Mais la question est: faut-il vraiment tenter d’approfondir la personnalité d’un personnage qui n’en a aucune? Eragon est l’exemple même de la cruche et du mouton qui suit tout le monde. Il est le dernier à se rendre compte des choses, à des remords dont il accable le lecteur à toutes les pages et n’a pas l’ombre de l’étoffe d’un héros à l’inverse de Murthag, très charismatique, très déchiré, en proie à la souffrance, mais dont on sait qu’au fond, il est bon et qu‘il souhaite s‘en sortir.
La différence entre nous deux, c’est qui tu subis les événements, et moi je les provoque.
Plus de 300 pages de rien, ça fait beaucoup quand même. Autant dans le tome 2 chaque chapitre se vaut, autant là, c’est déprimant. Aucune réelle action avant la moitié du livre. Et encore! Un presque copié collé du combat de fin de tome 2. D’ailleurs, pourquoi faire rabâcher à son héros que tuer c’est mal et lui faire prendre du plaisir à tuer des soldats lors de la bataille en fin de tome? C’est totalement illogique! Autre élément illogique: il semblerait que l’auteur ne relise pas lui-même ce qu’il écrit. Pourquoi nous dire qu’un dragon ne peut pas vivre sans son dragonnier dans le premier tome, et nous livrer une Saphira imaginant se venger si Eragon vient à mourir? Quel véritable auteur pourrait faire une bourde pareille?
Quoi que tu fasses, veille à protéger ceux qui te sont chers. Sans eux, la vie est d’une tristesse infinie.
Brisingr aurait dû initialement clore la trilogie. Mais Christopher Paolini a décidé de faire un quatrième tome afin de pouvoir parler de tout ce qu’il y avait à dire. Cela aurait pu être une bonne idée, si il y avait effectivement quelque chose à dire. Pendant les trois quart du livre, le lecteur aura le droit à la description de la vie en camp de guerre, d’un pseudo voyage, et de nombreux combats trop décrits, mal ancrés et totalement inutiles. Le seul intérêt du roman se tient dans les derniers 100 pages, où le lecteur pourra découvrir des révélations sur des éléments qu’il aura au préalable deviné deux tomes avant, sur des réactions fausses et assez pitoyables digne d’une série z. Mais aussi, une et une seule, révélation qui fait avancer l’histoire.
Je suis Eragon et bien davantage. Je suis Argetlam, et Tueur d’Ombre, et aussi Epée Flamboyante. Mon dragon s’appelle Saphira, également connue sous les noms de Bjarkstular et Langue de Feu. Nous avons été formés par Brom, qui était Dragonnier avant nous, par les nains et par les elfes. Nous avons combattu les Urgals, et un Ombre, et Murtagh, le fils de Morzan. Nous servons les Vardens et les peuples d’Alagaësia.
Paolini avait parlé au lecteur d’une révélation concernant un troisième dragonnier dans Brisingr. Pendant tout le tome je n’ai attendu que ça, cette seule pensée, m’aidant à tenir lors des passages les plus affligeants. Quand je suis arrivée au dernier quart, il m’a fallu admettre que l’information était fausse. Chose très décevante puisque cela aurait pu donner un élément extrêmement intéressant!
On se demandera aussi pourquoi l’auteur traite aussi mal ses personnages les plus intéressants. (Pour connaître le spoiler, surlignez ce qui suit) Quel intérêt y a t-il à tuer Oromis et Glaedr de manière aussi indigne? Les deux mentors auraient pu jouer un rôle beaucoup plus important, et largement meilleur en restant à l’arrière.
Il regrettait de lui faire de la peine et n’avait aucune envie de l’obliger à partir. Cette séparation lui fendait le cœur. La douleur de Saphira déferlait sur lui par le lien qui les unissait et s’ajoutait à son angoisse. Presque tétanisé, il rassembla tout son courage pour lui dire :
– Gánga ! Et ne reviens pas me chercher, n’envoie personne d’autre. Je m’en tirerai seul. Gánga ! Gánga !
Avec un feulement exaspéré, elle finit par céder et gagner l’entrée de la grotte.
Si Eragon pouvait avoir l’excuse d’être le premier roman de l’auteur, mais aussi le premier tome d’une trilogie, Brisingr lui n’en a aucune. Paolini nous offre pourtant un tome 2 excellent, presque parfait, aux révélations impressionnantes et aux batailles accrocheuses. En revenant en arrière après la lecture du tome 3 on se rend compte que la trilogie aurait pu s’achever de manière très satisfaisante si l’auteur avait condensé ce qu’il tient tant à développer
Malheureusement, le lecteur devra endurer le temps d’un autre tome, la mauvaise écriture d’un auteur qui se discrédite seul. Espérons néanmoins qu’il se rattrape avec ce tome quatre en oubliant les pseudos révélations de bas étages et en évitant de tenter d‘approfondir la personnalité de ses personnages. Manquerait plus qu’il décide d’en faire un cinquième.
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