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Les Enfants du Titanic, thème fascinant mais lecture décevante

arton10067Le 10 avril 1912, Michel Navratil et ses deux fils embarquent sur le Titanic. Tous trois partent vers l’Amérique à bord du plus beau paquebot du monde surnommé « L’Insubmersible ». Mais le 14 avril, à 23 h 40, le Titanic heurte un iceberg. La tragédie commence pour tous les passagers et Michel n’a alors plus qu’une idée en tête : sauver ses enfants. Lolo a quatre ans, Monmon en a deux : pour l’Histoire ils seront désormais « les Enfants du Titanic ». Dans son récit, Élisabeth Navratil mêle réalité et fiction, s’appuie à la fois sur les souvenirs de son père, l’aîné des deux frères rescapés, et sur une riche documentation sur le naufrage du plus célèbre des paquebots.

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Le 14 avril 2012 a marqué le centenaire du naufrage du plus célèbre des paquebots : le Titanic. Ont fait écho à cet événement, la sortie de nombreux ouvrages sur le sujet. Dont une réédition : Les Enfants du Titanic d’Elisabeth Navratil, fille de Michel Navratil dit Lolo.

Publié pour la première fois en 1980, le livre est ressorti dans une édition augmentée chez Hachette. Celui-ci raconte l’histoire de Lolo et Monmon, les célèbres « orphelins de l’abîme ». Enlevés par leur père, les deux garçons subissent le naufrage et les recherches à New-York pour retrouver leur mère.

Cette histoire vraie est en partie (plutôt importante d’ailleurs) romancée. Mais ça, si le lecteur s’en doute, ce n’est qu’avec les explications de l’autrice en fin de volume, qu’il en aura la confirmation.

Et c’est ce dernier point qui m’a dérangé tout au long de ma lecture. Si j’ai aimé ce livre qui raconte le destin touchant de deux garçons adorables, je n’ai pas pu me défaire de la gène entraînée par cette trop fine frontière séparant fiction et réalité.

Au même moment, dans sa chambre à Nice, Marcelle voit très distinctement réapparaître le couloir déjà entrevu précédemment. La pente s’est accentuée au point de ressembler à un boyau de mine ou à un toboggan. Tout au fond, grimpant péniblement dans l’angle formé par le sol et le mur, glissant, se relevant, s’appuyant des deux mains à la cloison droite et au plancher, un homme tente de remonter la pente.

Avec une narration tenant du roman, Elisabeth Navratil prend énormément de libertés comme elle l’explique dans sa postface. Afin de faire des quelques souvenirs de son père, un livre qui tient la route (son père, Lolo n’avait aucun souvenir de sa traversée, uniquement du naufrage et de l’après), celle-ci n’a pas hésité à imaginer des situations inventées. Situations qui paraissent tellement fantaisistes qu’elles finissent par mettre le doute en tête chez les lecteurices, et ce, plus d’une fois.

Un défaut majeur pour un récit vendu comme un témoignage véridique. Je l’avoue, à cause de cela, il m’a été impossible de me plonger totalement dans ce livre où j’ai fini par ne plus réussir à discerner le vrai du faux.

Pourquoi ne pas avoir prévenu dès le départ au lieu de laisser les lecteurices se demander à chaque page si ce qu’iels lisent est vrai ou pas ? D’autant que certains éléments du récit font bien trop faux pour que l’on y croit. Un ouvrage s’en tenant aux faits et seulement à ça aurait eu plus d’impact. Ici, je me suis posé trop de questions et les doutes, trop nombreux, ne m’ont pas permis de me sentir touchée par le destin des trois Navratil et par le récit de leurs dernières heures sur le paquebot, la faute due à un fac-similé d’une lettre écrite par Lolo. Celui-ci y raconte les détails de ses derniers instants sur le navire. Un récit qui ne coïncide en rien avec le celui de l’autrice.

Vers 3h20, l’insensibilité a gagné le tronc. Michel ne nageait plus qu’avec les bras car ses mains, elles aussi, ne répondaient plus à sa volonté. Puis, tandis que le ciel s’éclaircissait à l’horizon et que brillait, au dessus de lui, triomphante, l’étoile du matin, il a cessé de nager. […]  Peu à peu, Michel distingue, au dessus du rayon vert, une longue farandole, celle de tous les Navratil qui les ont précédés et qui lui succéderont. Quand Lowe parvient à sa hauteur, il vient juste d’expirer.

En effet, là où Lolo nous dit avoir été réveillé dans la cabine par son père et un inconnu peu après l’impact, Elisabeth nous raconte une histoire similaire à celle de Jack et Rose dans le film de James Cameron. Et c’est bien dommage.

Tout au long de ma lecture, j’aurai eu l’impression de lire un roman inspiré de faits réels mais non pas d’une histoire vraie. On sent bien qu’Élisabeth Navratil a fait des recherches poussées sur le naufrage, cela se ressent particulièrement en fin de lecture où le ton choisi par l’auteur tient plus du documentaire, passage sans doute le plus intéressant. Néanmoins, j’ai été dérangée par l’utilisation d’une légende sur le capitaine Smith dans un ouvrage prônant la vérité. Même si l’histoire de cette anecdote est précisée, je trouve son utilisation maladroite.

Heureusement, il y a tout de même beaucoup de points que j’ai apprécié dans Les Enfants du Titanic. Comme, par exemple, le carnet photo inclus où il ne manque qu’une photo des deux frères adultes, ou le récit des derniers instants de Michel Navratil.

En conclusion, Les Enfants du Titanic est un livre qui se lit très bien si on le prend pour ce qu’il est vraiment : un roman inspiré de faits réels. Avant de commencer sa lecture, n’hésitez pas à lire la postface en premier afin de pouvoir mieux apprécier ce que vous découvrez.

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